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Actes de l'oeuvre
Le Malade imaginaire :

¤Acte 1
ºLE PROLOGUE
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
¤Acte 2
¤Acte 3
 
 

 

Le Malade imaginaire » Acte 1 » SCÈNE II

TOINETTE, ARGAN.

TOINETTE, en entrant dans la chambre.- On y va.

ARGAN.- Ah! chienne! Ah carogne...

TOINETTE, faisant semblant de s'être cogné la tête.- Diantre soit fait de votre impatience, vous pressez si fort les personnes, que je me suis donné un grand coup de la tête contre la carne* d'un volet.

ARGAN, en colère.- Ah! traîtresse...

TOINETTE, pour l'interrompre et l'empêcher de crier, se plaint toujours, en disant.- Ha!

ARGAN.- Il y a...

TOINETTE.- Ha!

ARGAN.- Il y a une heure...

TOINETTE.- Ha!

ARGAN.- Tu m'as laissé...

TOINETTE.- Ha!

ARGAN.- Tais-toi donc, coquine, que je te querelle.

TOINETTE.- Çamon*, ma foi, j'en suis d'avis, après ce que je me suis fait.

ARGAN.- Tu m'as fait égosiller, carogne.

TOINETTE.- Et vous m'avez fait, vous, casser la tête, l'un vaut bien l'autre. Quitte, à quitte, si vous voulez.

ARGAN.- Quoi, coquine...

TOINETTE.- Si vous querellez, je pleurerai.

ARGAN.- Me laisser, traîtresse...

TOINETTE, toujours pour l'interrompre.- Ha!

ARGAN.- Chienne, tu veux...

TOINETTE.- Ha!

ARGAN.- Quoi il faudra encore que je n'aie pas le plaisir de la quereller?

TOINETTE.- Querellez tout votre soûl, je le veux bien.

ARGAN.- Tu m'en empêches, chienne, en m'interrompant à tous coups.

TOINETTE.- Si vous avez le plaisir de quereller, il faut bien que de mon côté, j'aie le plaisir de pleurer; chacun le sien ce n'est pas trop. Ha!

ARGAN.- Allons, il faut en passer par là. Ôte-moi ceci, coquine, ôte-moi ceci. (Argan se lève de sa chaise.) Mon lavement d'aujourd'hui a-t-il bien opéré?

TOINETTE.- Votre lavement?

ARGAN.- Oui. Ai-je bien fait de la bile?

TOINETTE.- Ma foi je ne me mêle point de ces affaires-là, c'est à Monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu'il en a le profit.

ARGAN.- Qu'on ait soin de me tenir un bouillon prêt, pour l'autre que je dois tantôt prendre.

TOINETTE.- Ce Monsieur Fleurant-là, et ce Monsieur Purgon s'égayent bien* sur votre corps; ils ont en vous une bonne vache à lait; et je voudrais bien leur demander quel mal vous avez, pour vous faire tant de remèdes.

ARGAN.- Taisez-vous, ignorante, ce n'est pas à vous à contrôler les ordonnances de la médecine. Qu'on me fasse venir ma fille Angélique, j'ai à lui dire quelque chose.

TOINETTE.- La voici qui vient d'elle-même; elle a deviné votre pensée.