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Actes de l'oeuvre
Le mariage forcé :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
 
 

 

Le mariage forcé » Acte 1 » SCÈNE II

DORIMÈNE, SGANARELLE.

DORIMÈNE*.- Allons, petit garçon, qu'on tienne bien ma queue; et qu'on ne s'amuse pas à badiner.

SGANARELLE.- Voici ma maîtresse, qui vient. Ah! qu'elle est agréable! Quel air! et quelle taille! Peut-il y avoir un homme, qui n'ait, en la voyant, des démangeaisons de se marier? Où allez-vous, belle mignonne, chère épouse future de votre époux futur?

DORIMÈNE.- Je vais faire quelques emplettes.

SGANARELLE.- Hé bien, ma belle, c'est maintenant que nous allons être heureux l'un et l'autre. Vous ne serez plus en droit de me rien refuser; et je pourrai faire avec vous tout ce qu'il me plaira, sans que personne s'en scandalise. Vous allez être à moi depuis la tête jusqu'aux pieds; et je serai maître de tout: de vos petits yeux éveillés; de votre petit nez fripon; de vos lèvres appétissantes; de vos oreilles amoureuses; de votre petit menton joli; de vos petits tétons rondelets, de votre... Enfin toute votre personne sera à ma discrétion; et je serai à même, pour vous caresser, comme je voudrai. N'êtes-vous pas bien aise de ce mariage, mon aimable pouponne?

DORIMÈNE.- Tout à fait aise, je vous jure: car enfin la sévérité de mon père m'a tenue jusques ici dans une sujétion la plus fâcheuse du monde. Il y a je ne sais combien que j'enrage du peu de liberté, qu'il me donne; et j'ai cent fois souhaité qu'il me mariât, pour sortir promptement de la contrainte, où j'étais avec lui, et me voir en état de faire ce que je voudrai. Dieu merci, vous êtes venu heureusement pour cela, et je me prépare désormais à me donner du divertissement, et à réparer comme il faut le temps que j'ai perdu. Comme vous êtes un fort galant homme, et que vous savez comme il faut vivre ; je crois que nous ferons le meilleur ménage du monde ensemble, et que vous ne serez point de ces maris incommodes, qui veulent que leurs femmes vivent comme des loups-garous*. Je vous avoue que je ne m'accommoderais pas de cela; et que la solitude me désespère. J'aime le jeu; les visites; les assemblées; les cadeaux*, et les promenades; en un mot toutes les choses de plaisir; et vous devez être ravi, d'avoir une femme de mon humeur. Nous n'aurons jamais aucun démêlé ensemble; et je ne vous contraindrai point dans vos actions; comme j'espère que de votre côté vous ne me contraindrez point dans les miennes: car pour moi, je tiens qu'il faut avoir une complaisance mutuelle; et qu'on ne se doit point marier, pour se faire enrager l'un l'autre. Enfin nous vivrons, étant mariés, comme deux personnes qui savent leur monde. Aucun soupçon jaloux ne nous troublera la cervelle; et c'est assez que vous serez assuré de ma fidélité, comme je serai persuadée de la vôtre. Mais qu'avez-vous? Je vous vois tout changé de visage.

SGANARELLE.- Ce sont quelques vapeurs, qui me viennent de monter à la tête*.

DORIMÈNE.- C'est un mal aujourd'hui qui attaque beaucoup de gens: mais notre mariage vous dissipera tout cela. Adieu, il me tarde déjà que je n'aie des habits raisonnables, pour quitter vite ces guenilles. Je m'en vais de ce pas achever d'acheter toutes les choses qu'il me faut; et je vous enverrai les marchands.