Le Dépit Amoureux » Acte III » Scene III
ALBERT Oh! juste Ciel, je tremble! Car enfin nous avons peu de commerce ensemble. 815 Quelque tempête va renverser mes desseins,Et ce secret sans doute* est celui que je crains.L'espoir de l'intérêt m'a fait quelque infidèle*,Et voilà sur ma vie une tache éternelle;Ma fourbe est découverte. Oh! que la vérité 820 Se peut cacher longtemps avec difficulté!Et qu'il eût mieux valu, pour moi, pour mon estime*,Suivre les mouvements d'une peur légitime,Par qui je me suis vu tenté plus de vingt fois,De rendre à Polydore un bien que je lui dois, 825 De prévenir l'éclat où ce coup-ci m'expose,Et faire qu'en douceur passât toute la chose.Mais, hélas! c'en est fait, il n'est plus de saison,Et ce bien par la fraude entré dans ma maisonN'en sera point tiré, que dans cette sortie 830 Il n'entraîne du mien la meilleure partie.
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