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Actes de l'oeuvre
Amphitryon :

¤Acte 1
¤Acte 2
¤Acte 3
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
 
 

 

Amphitryon » Acte 3 » SCÈNE II

MERCURE, AMPHITRYON.


MERCURE
1490 Comme l'amour ici ne m'offre aucun plaisir,
Je m'en veux faire, au moins, qui soient d'autre nature;
Et je vais égayer mon sérieux loisir,
À mettre Amphitryon hors de toute mesure.
Cela n'est pas d'un Dieu bien plein de charité:
1495 Mais aussi n'est-ce pas ce dont je m'inquiète;
Et je me sens, par ma planète,
À la malice un peu porté.

AMPHITRYON
D'où vient donc qu'à cette heure on ferme cette porte?

MERCURE
Holà, tout doucement. Qui frappe?

AMPHITRYON
Moi.

MERCURE
Qui, moi?

AMPHITRYON
Ah! ouvre.

MERCURE
1500 Comment, ouvre? Et qui donc es-tu, toi;
Qui fais tant de vacarme, et parles de la sorte?

AMPHITRYON
Quoi! tu ne me connais pas?

MERCURE
Non:
Et n'en ai pas la moindre envie.

AMPHITRYON
Tout le monde perd-il aujourd'hui la raison?
1505 Est-ce un mal répandu? Sosie, holà, Sosie.

MERCURE
Hé bien, Sosie: oui, c'est mon nom.
As-tu peur que je ne l'oublie?

AMPHITRYON
Me vois-tu bien?

MERCURE
Fort bien. Qui peut pousser ton bras,
À faire une rumeur si grande?
1510 Et que demandes-tu là-bas?

AMPHITRYON
Moi, pendard, ce que je demande?

MERCURE
Que ne demandes-tu donc pas?
Parle, si tu veux qu'on t'entende.

AMPHITRYON
Attends, traître, avec un bâton
1515 Je vais là-haut me faire entendre;
Et de bonne façon t'apprendre
À m'oser parler sur ce ton.

MERCURE
Tout beau. Si pour heurter, tu fais la moindre instance,
Je t'enverrai d'ici des messagers fâcheux.

AMPHITRYON
1520 Ô Ciel! vit-on jamais une telle insolence?
La peut-on concevoir d'un serviteur; d'un gueux?

MERCURE
Hé bien! qu'est-ce? M'as-tu tout parcouru par ordre?
M'as-tu de tes gros yeux assez considéré?
Comme il les écarquille, et paraît effaré!
1525 Si des regards on pouvait mordre,
Il m'aurait déjà déchiré.

AMPHITRYON
Moi-même je frémis de ce que tu t'apprêtes,
Avec ces impudents propos.
Que tu grossis pour toi d'effroyables tempêtes!
1530 Quels orages de coups vont fondre sur ton dos!

MERCURE
L'ami, si de ces lieux tu ne veux disparaître,
Tu pourras y gagner quelque contusion.

AMPHITRYON
Ah! tu sauras maraud, à ta confusion,
Ce que c'est qu'un valet, qui s'attaque à son maître.

MERCURE
Toi, mon maître?

AMPHITRYON
1535 Oui, coquin. M'oses-tu méconnaître?

MERCURE
Je n'en reconnais point d'autre, qu'Amphitryon.

AMPHITRYON
Et cet Amphitryon, qui, hors moi, le peut être?

MERCURE
Amphitryon?

AMPHITRYON
Sans doute.

MERCURE
Ah! quelle vision!
Dis-nous un peu. Quel est le cabaret honnête,
1540 Où tu t'es coiffé le cerveau*?

AMPHITRYON
Comment? encor?

MERCURE
Était-ce un vin à faire fête?

AMPHITRYON
Ciel!

MERCURE
Était-il vieux, ou nouveau?

AMPHITRYON
Que de coups!

MERCURE
Le nouveau donne fort dans la tête,
Quand on le veut boire sans eau.

AMPHITRYON
1545 Ah! je t'arracherai cette langue, sans doute*.

MERCURE
Passe, mon cher ami, crois-moi*;
Que quelqu'un ici ne t'écoute.
Je respecte le vin: va-t'en, retire-toi;
Et laisse Amphitryon dans les plaisirs qu'il goûte.

AMPHITRYON
Comment! Amphitryon est là dedans?

MERCURE
1550 Fort bien:
Qui couvert des lauriers d'une victoire pleine,
Est auprès de la belle Alcmène,
À jouir des douceurs d'un aimable entretien.
Après le démêlé d'un amoureux caprice,
1555 Ils goûtent le plaisir de s'être rajustés.
Garde-toi de troubler leurs douces privautés,
Si tu ne veux qu'il ne punisse
L'excès de tes témérités.