Les Fâcheux » Acte 1 » SCÈNE VI
ALCANDRE, ORPHISE, ÉRASTE, LA MONTAGNE. ALCANDRE Marquis, un mot. Madame, 265 De grâce pardonnez, si je suis indiscret,En osant, devant vous, lui parler en secret.Avec peine, Marquis, je te fais la prière;Mais un homme vient là de me rompre en visière*,Et je souhaite fort, pour ne rien reculer, 270 l'heure* de ma part, tu l'ailles appeler*.Tu sais, qu'en pareil cas, ce serait avec joie,Que je te le rendrais en la même monnoie. ÉRASTE, après avoir un peu demeuré sans parler. Je ne veux point ici faire le capitan;Mais on m'a vu soldat, avant que courtisan. 275 J'ai servi quatorze ans, et je crois être en passe,De pouvoir d'un tel pas me tirer avec grâce,Et de ne craindre point, qu'à quelque lâchetéLe refus de mon bras me puisse être imputé.Un duel met les gens en mauvaise posture, 280 Et notre roi n'est pas un monarque en peinture.Il sait faire obéir les plus grands de l'État,Et je trouve qu'il fait en digne potentat.Quand il faut le servir, j'ai du cœur, pour le faire:Mais je ne m'en sens point, quand il faut lui déplaire. 285 Je me fais de son ordre une suprême loi.Pour lui désobéir, cherche un autre que moi.Je te parle, Vicomte, avec franchise entière,Et suis ton serviteur en toute autre matière,Adieu. Cinquante fois au diable les fâcheux, 290 Où donc s'est retiré cet objet de mes vœux? LA MONTAGNE Je ne sais. ÉRASTE Pour savoir où la belle est allée, Va-t'en chercher partout, j'attends dans cette allée. BALLET DU PREMIER ACTE.PREMIÈRE ENTRÉEDes joueurs de mail*, en criant gare, l'obligent à se retirer, et comme il veut revenir lorsqu'ils ont fait,DEUXIÈME ENTRÉEDes curieux viennent qui tournent autour de lui pour le connaître, et font qu'il se retire encore pour un moment.
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