Le Sicilien ou l'Amour peintre » Acte » SCÈNE IX
ADRASTE, HALI*.HALI.- Monsieur, j'ai, déjà, fait quelque petite tentative, mais je...ADRASTE.- Ne te mets point en peine, j'ai trouvé, par hasard, tout ce que je voulais: et je vais jouir du bonheur de voir, chez elle, cette belle. Je me suis rencontré chez le peintre Damon, qui m'a dit, qu'aujourd'hui, il venait faire le portrait de cette adorable personne: et comme il est, depuis longtemps, de mes plus intimes amis, il a voulu servir mes feux, et m'envoie à sa place, avec un petit mot de lettre, pour me faire accepter. Tu sais que, de tout temps, je me suis plu à la peinture, et que, parfois, je manie le pinceau, contre la coutume de France, qui ne veut pas qu'un gentilhomme sache rien faire: ainsi, j'aurai la liberté de voir cette belle à mon aise. Mais je ne doute pas que mon jaloux fâcheux ne soit, toujours, présent, et n'empêche tous les propos que nous pourrions avoir ensemble: et pour te dire vrai, j'ai, par le moyen d'une jeune esclave, un stratagème, pour tirer* cette belle Grecque des mains de son jaloux, si je puis obtenir d'elle, qu'elle y consente.HALI.- Laissez-moi faire, je veux vous faire un peu de jour à la pouvoir entretenir. Il ne sera pas dit que je ne serve de rien dans cette affaire-là. Quand allez-vous?ADRASTE.- Tout de ce pas, et j'ai, déjà, préparé toutes choses.HALI.- Je vais, de mon côté, me préparer aussi.ADRASTE.- Je ne veux point perdre de temps. Holà. Il me tarde que je ne goûte le plaisir de la voir.
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