La Princesse d'Élide » Acte I » SCÈNE IV
EURYALE, MORON, ARBATE. MORON Heu! a-t-on jamais vu de plus farouche esprit?De ce vilain sanglier l'heureux trépas l'aigrit:Ô comme volontiers j'aurais d'un beau salaire 310 Récompensé tantôt qui m'en eût su défaire! ARBATE Je vous vois tout pensif, Seigneur, de ses dédains;Mais ils n'ont rien qui doive empêcher vos desseins,Son heure doit venir, et c'est à vous possible*Qu'est réservé l'honneur de la rendre sensible. MORON 315 Il faut qu'avant la course elle apprenne vos feux,Et je... EURYALE Non, ce n'est plus, Moron, ce que je veux; Garde-toi de rien dire, et me laisse un peu faire,J'ai résolu de prendre un chemin tout contraire;Je vois trop que son cœur s'obstine à dédaigner 320 Tous ces profonds respects qui pensent la gagner,Et le dieu qui m'engage à soupirer pour elleM'inspire pour la vaincre une adresse nouvelle:Oui, c'est lui d'où me vient ce soudain mouvement,Et j'en attends de lui l'heureux événement. ARBATE 325 Peut-on savoir, Seigneur, par où votre espérance? EURYALE Tu le vas voir. Allons, et garde le silence.
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