La Princesse d'Élide » Troisième intermède » SCÈNE PREMIÈRE
MORON, PHILIS.MORON.— Philis, demeure ici.PHILIS.— Non laisse-moi suivre les autres.MORON.— Ah! cruelle si c'était Tircis qui t'en priât, tu demeurerais bien vite.PHILIS.— Cela se pourrait faire, et je demeure d'accord que je trouve bien mieux mon compte avec l'un qu'avec l'autre; car il me divertit avec sa voix, et toi tu m'étourdis de ton caquet. Lorsque tu chanteras aussi bien que lui, je te promets de t'écouter.MORON.— Eh! demeure un peu ?*PHILIS.— Je ne saurais.MORON.— De grâce?PHILIS.— Point, te dis-je.MORON.— Je ne te laisserai point aller.PHILIS.— Ah! que de façons?MORON.— Je ne demande qu'un moment à être avec toi.PHILIS.— Eh bien! oui, j'y demeurerai, pourvu que tu me promettes une chose?MORON.— Et quelle?PHILIS.— De ne me point parler du tout.MORON.— Eh! Philis?PHILIS.— À moins que de cela je ne demeurerai point avec toi.MORON.— Veux-tu me...PHILIS.— Laisse-moi aller?MORON.— Eh bien, oui, demeure, je ne dirai mot.PHILIS.— Prends-y bien garde au moins; car à la moindre parole je prends la fuite.MORON. Il fait une scène de gestes.— Soit. Ah! Philis... Eh... Elle s'enfuit, et je ne saurais l'attraper. Voilà ce que c'est, si je savais chanter j'en ferais bien mieux mes affaires. La plupart des femmes aujourd'hui se laissent prendre par les oreilles: elles sont cause que tout le monde se mêle de musique, et l'on ne réussit auprès d'elles, que par les petites chansons, et les petits vers qu'on leur fait entendre. Il faut que j'apprenne à chanter pour faire comme les autres. Bon voici justement mon homme.
|