Accueil Biographie Personnages Contact Sites partenaires
»L'Étourdi ou les contretemps
»Les Precieuses ridicules
»Le Dépit Amoureux
»Sganarelle ou le cocu imaginaire
»Dom Garcie de Navarre ou le Prince jaloux
»L'École des maris
»Les Fâcheux
»L'École des femmes
»La Critique de L'École des femmes
»L'Impromptu de Versailles
»Le mariage forcé
»La Princesse d'Élide
»Le Tartuffe ou l'Imposteur
»Dom Juan ou le Festin de pierre
»L'Amour Médecin
»Le Misanthrope
»Le médecin malgré lui
»Mélicerte
»Pastorale comique
»Le Sicilien ou l'Amour peintre
»Amphitryon
»George Dandin ou le mari confondu
»L'Avare
»Monsieur de Pourceaugnac
»Les amants magnifiques
»Le bourgeois gentilhomme
»Psyché
»Les fourberies de Scapin
»La Comtesse d'Escarbagnas
»Les Femmes savantes
»Le Malade imaginaire
     
Actes de l'oeuvre
Les fourberies de Scapin :

¤Acte 1
¤Acte 2
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
¤Acte 3
 
 

 

Les fourberies de Scapin » Acte 2 » SCÈNE III

OCTAVE, SCAPIN, LÉANDRE.

LÉANDRE.- Me trahir de cette manière! Un coquin, qui doit par cent raisons être le premier à cacher les choses que je lui confie, est le premier à les aller découvrir à mon père. Ah! je jure le Ciel* que cette trahison ne demeurera pas impunie.

OCTAVE.- Mon cher Scapin, que ne dois-je point à tes soins! Que tu es un homme admirable! et que le Ciel m'est favorable, de t'envoyer à mon secours!

LÉANDRE.- Ah, ah, vous voilà. Je suis ravi de vous trouver, Monsieur le coquin.

SCAPIN.- Monsieur, votre serviteur. C'est trop d'honneur que vous me faites.

LÉANDRE, en mettant l'épée à la main.- Vous faites le méchant plaisant. Ah! je vous apprendrai...

SCAPIN, se mettant à genoux.- Monsieur.

OCTAVE, se mettant entre-deux, pour empêcher Léandre de le frapper.- Ah, Léandre.

LÉANDRE.- Non, Octave, ne me retenez point, je vous prie.

SCAPIN.- Eh, Monsieur.

OCTAVE, le retenant.- De grâce.

LÉANDRE, voulant frapper Scapin.- Laissez-moi contenter mon ressentiment.

OCTAVE.- Au nom de l'amitié, Léandre, ne le maltraitez point.

SCAPIN.- Monsieur, que vous ai-je fait?

LÉANDRE, voulant le frapper.- Ce que tu m'as fait, traître?

OCTAVE, le retenant.- Eh doucement.

LÉANDRE.- Non, Octave, je veux qu'il me confesse lui-même tout à l'heure* la perfidie qu'il m'a faite. Oui, coquin, je sais le trait que tu m'as joué, on vient de me l'apprendre; et tu ne croyais pas peut-être que l'on me dût révéler ce secret: mais je veux en avoir la confession de ta propre bouche, ou je vais te passer cette épée au travers du corps.

SCAPIN.- Ah! Monsieur, auriez-vous bien ce cœur-là?

LÉANDRE.- Parle donc.

SCAPIN.- Je vous ai fait quelque chose, Monsieur?

LÉANDRE.- Oui, coquin; et ta conscience ne te dit que trop ce que c'est.

SCAPIN.- Je vous assure que je l'ignore.

LÉANDRE, s'avançant pour le frapper.- Tu l'ignores!

OCTAVE, le retenant.- Léandre.

SCAPIN.- Hé bien Monsieur, puisque vous le voulez, je vous confesse que j'ai bu avec mes amis ce petit quartaut* de vin d'Espagne dont on vous fit présent il y a quelques jours; et que c'est moi qui fis une fente au tonneau, et répandis de l'eau autour, pour faire croire que le vin s'était échappé.

LÉANDRE.- C'est toi, pendard, qui m'as bu mon vin d'Espagne, et qui as été cause que j'ai tant querellé la servante, croyant que c'était elle qui m'avait fait le tour?

SCAPIN.- Oui, Monsieur, je vous en demande pardon.

LÉANDRE.- Je suis bien aise d'apprendre cela; mais ce n'est pas l'affaire dont il est question maintenant.

SCAPIN.- Ce n'est pas cela, Monsieur?

LÉANDRE.- Non, c'est une autre affaire qui me touche bien plus, et je veux que tu me la dises.

SCAPIN.- Monsieur, je ne me souviens pas d'avoir fait autre chose.

LÉANDRE, le voulant frapper.- Tu ne veux pas parler?

SCAPIN.- Eh.

OCTAVE, le retenant.- Tout doux.

SCAPIN.- Oui, Monsieur, il est vrai qu'il y a trois semaines que vous m'envoyâtes porter le soir, une petite montre à la jeune Égyptienne que vous aimez. Je revins au logis mes habits tout couverts de boue, et le visage plein de sang, et vous dis que j'avais trouvé des voleurs qui m'avaient bien battu, et m'avaient dérobé la montre. C'était moi, Monsieur, qui l'avais retenue.

LÉANDRE.- C'est toi qui as retenu ma montre?

SCAPIN.- Oui, Monsieur, afin de voir quelle heure il est.

LÉANDRE.- Ah, ah, j'apprends ici de jolies choses, et j'ai un serviteur fort fidèle vraiment. Mais ce n'est pas encore cela que je demande.

SCAPIN.- Ce n'est pas cela?

LÉANDRE.- Non, infâme, c'est autre chose encore que je veux que tu me confesses.

SCAPIN.- Peste!

LÉANDRE.- Parle vite, j'ai hâte.

SCAPIN.- Monsieur, voilà tout ce que j'ai fait.

LÉANDRE, voulant frapper Scapin.- Voilà tout?

OCTAVE, se mettant au-devant.- Eh.

SCAPIN.- Hé bien oui, Monsieur, vous vous souvenez de ce loup-garou il y a six mois qui vous donna tant de coups de bâton la nuit, et vous pensa faire rompre le cou dans une cave où vous tombâtes en fuyant.

LÉANDRE.- Hé bien?

SCAPIN.- C'était moi, Monsieur, qui faisais le loup-garou.

LÉANDRE.- C'était toi, traître, qui faisais le loup-garou?

SCAPIN.- Oui, Monsieur, seulement pour vous faire peur, et vous ôter l'envie de nous faire courir toutes les nuits comme vous aviez de coutume.

LÉANDRE.- Je saurai me souvenir en temps et lieu de tout ce que je viens d'apprendre. Mais je veux venir au fait, et que tu me confesses ce que tu as dit à mon père.

SCAPIN.- À votre père?

LÉANDRE.- Oui, fripon, à mon père.

SCAPIN.- Je ne l'ai pas seulement vu depuis son retour.

LÉANDRE.- Tu ne l'as pas vu?

SCAPIN.- Non, Monsieur.

LÉANDRE.- Assurément?

SCAPIN.- Assurément. C'est une chose que je vais vous faire dire par lui-même.

LÉANDRE.- C'est de sa bouche que je le tiens pourtant.

SCAPIN.- Avec votre permission, il n'a pas dit la vérité.