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Actes de l'oeuvre
Monsieur de Pourceaugnac :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIËRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
ºSCÈNE XI
¤Acte 2
¤Acte 3
 
 

 

Monsieur de Pourceaugnac » Acte 1 » SCÈNE V

L'APOTHICAIRE, ÉRASTE.

ÉRASTE.- Je crois, Monsieur, que vous êtes le médecin à qui l'on est venu parler de ma part.

L'APOTHICAIRE.- Non, Monsieur, ce n'est pas moi qui suis le médecin; à moi n'appartient pas cet honneur, et je ne suis qu'apothicaire, apothicaire indigne, pour vous servir.

ÉRASTE.- Et Monsieur le médecin est-il à la maison?

L'APOTHICAIRE.- Oui, il est là embarrassé à expédier quelques malades, et je vais lui dire que vous êtes ici.

ÉRASTE.- Non, ne bougez: j'attendrai qu'il ait fait; c'est pour lui mettre entre les mains certain parent que nous avons, dont on lui a parlé, et qui se trouve attaqué de quelque folie, que nous serions bien aises qu'il pût guérir avant que de le marier.

L'APOTHICAIRE.- Je sais ce que c'est, je sais ce que c'est, et j'étais avec lui quand on lui a parlé de cette affaire. Ma foi, ma foi, vous ne pouviez pas vous adresser à un médecin plus habile; c'est un homme qui sait la médecine à fond, comme je sais ma croix de par Dieu*; et qui, quand on devrait crever, ne démordrait pas d'un iota des règles des anciens. Oui, il suit toujours le grand chemin, le grand chemin, et ne va point chercher midi à quatorze heures; et pour tout l'or du monde, il ne voudrait pas avoir guéri une personne avec d'autres remèdes que ceux que la Faculté permet.

ÉRASTE.- Il fait fort bien; un malade ne doit point vouloir guérir, que la Faculté n'y consente.

L'APOTHICAIRE.- Ce n'est pas parce que nous sommes grands amis, que j'en parle; mais il y a plaisir, il y a plaisir d'être son malade; et j'aimerais mieux mourir de ses remèdes, que de guérir de ceux d'un autre: car, quoi qui puisse arriver, on est assuré que les choses sont toujours dans l'ordre; et quand on meurt sous sa conduite, vos héritiers n'ont rien à vous reprocher.

ÉRASTE.- C'est une grande consolation pour un défunt.

L'APOTHICAIRE.- Assurément; on est bien aise au moins d'être mort méthodiquement*. Au reste, il n'est pas de ces médecins qui marchandent* les maladies; c'est un homme expéditif, expéditif, qui aime à dépêcher ses malades; et quand on a à mourir, cela se fait avec lui le plus vite du monde.

ÉRASTE.- En effet, il n'est rien tel que de sortir promptement d'affaire.

L'APOTHICAIRE.- Cela est vrai, à quoi bon tant barguigner* et tant tourner autour du pot? Il faut savoir vitement le court ou le long* d'une maladie.

ÉRASTE.- Vous avez raison.

L'APOTHICAIRE.- Voilà déjà trois de mes enfants dont il m'a fait l'honneur de conduire la maladie, qui sont morts en moins de quatre jours, et qui entre les mains d'un autre, auraient langui plus de trois mois.

ÉRASTE.- Il est bon d'avoir des amis comme cela.

L'APOTHICAIRE.- Sans doute. Il ne me reste que deux enfants* dont il prend soin comme des siens; il les traite et gouverne à sa fantaisie, sans que je me mêle de rien; et le plus souvent, quand je reviens de la ville, je suis tout étonné que je les trouve saignés ou purgés par son ordre.

ÉRASTE.- Voilà des soins fort obligeants*.

L'APOTHICAIRE.- Le voici, le voici, le voici qui vient.