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Actes de l'oeuvre
Les Fâcheux :

¤Acte
¤Acte 1
¤Acte 2
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
¤Acte 3
 
 

 

Les Fâcheux » Acte 2 » SCÈNE VI

DORANTE, ÉRASTE*.


DORANTE
Ha Marquis que l'on voit de fâcheux tous les jours,
Venir de nos plaisirs interrompre le cours!
Tu me vois enragé d'une assez belle chasse,
Qu'un fat... C'est un récit qu'il faut que je te fasse.

ÉRASTE
485 Je cherche ici quelqu'un, et ne puis m'arrêter.

DORANTE, le retenant.
Parbleu chemin faisant je te le veux conter.
Nous étions une troupe, assez bien assortie,
Qui pour courir un cerf avions hier fait partie;
Et nous fûmes coucher sur le pays exprès,
490 C'est-à-dire, mon cher, en fin fond de forêts.
Comme cet exercice est mon plaisir suprême,
Je voulus, pour bien faire, aller au bois moi-même*;
Et nous conclûmes tous d'attacher nos efforts,
Sur un cerf, qu'un chacun nous disait cerf dix-cors;
495 Mais moi, mon jugement, sans qu'aux marques j'arrête,
Fut qu'il n'était que cerf à sa seconde tête*.
Nous avions, comme il faut, séparé nos relais*,
Et déjeunions en hâte, avec quelques œufs frais;
Lorsqu'un franc campagnard, avec longue rapière,
500 Montant superbement sa jument poulinière,
Qu'il honorait du nom de sa bonne jument,
S'en est venu nous faire un mauvais compliment,
Nous présentant aussi, pour surcroît de colère,
Un grand benêt de fils, aussi sot que son père.
505 Il s'est dit grand chasseur, et nous a priés tous,
Qu'il pût avoir le bien de courir avec nous.
Dieu préserve, en chassant, toute sage personne,
D'un porteur de huchet*, qui mal à propos sonne;
De ces gens, qui suivis de dix hourets* galeux,
510 Disent "ma meute*", et font les chasseurs merveilleux.
Sa demande reçue, et ses vertus prisées,
Nous avons été tous frapper à nos brisées.
À trois longueurs de trait, tayaut; voilà d'abord
Le cerf donné aux chiens. J'appuie, et sonne fort.
515 Mon cerf débuche*, et passe une assez longue plaine,
Et mes chiens après lui; mais si bien en haleine,
Qu'on les aurait couverts tous d'un seul justaucorps.
Il vient à la forêt. Nous lui donnons alors
La vieille meute*; et moi, je prends en diligence
Mon cheval alezan. Tu l'as vu?

ÉRASTE
520 Non, je pense.

DORANTE
Comment? C'est un cheval aussi bon qu'il est beau,
Et que ces jours passés, j'achetai de Gaveau*.
Je te laisse à penser, si, sur cette matière,
Il voudrait me tromper, lui qui me considère:
525 Aussi je m'en contente, et jamais, en effet,
Il n'a vendu cheval, ni meilleur, ni mieux fait:
Une tête de barbe, avec l'étoile nette;
L'encolure d'un cygne, effilée, et bien droite;
Point d'épaules non plus qu'un lièvre, court-jointé,
530 Et qui fait dans son port voir sa vivacité.
Des pieds, morbleu, des pieds! le rein double*: à vrai dire,
J'ai trouvé le moyen, moi seul, de le réduire,
Et sur lui, quoique aux yeux il montrât beau semblant,
Petit-Jean de Gaveau* ne montait qu'en tremblant.
535 Une croupe, en largeur, à nulle autre pareille,
Et des gigots, Dieu sait! Bref c'est une merveille,
Et j'en ai refusé cent pistoles, crois-moi,
Au retour* d'un cheval amené pour le Roi.
Je monte donc dessus, et ma joie était pleine,
540 De voir filer de loin les coupeurs* dans la plaine;
Je pousse, et je me trouve en un fort à l'écart.
À la queue de nos chiens moi seul avec Drécar*.
Une heure là dedans notre cerf se fait battre.
J'appuie alors mes chiens, et fais le diable à quatre:
545 Enfin jamais chasseur ne se vit plus joyeux;
Je le relance seul, et tout allait des mieux;
Lorsque d'un jeune cerf s'accompagne le nôtre*,
Une part de mes chiens se sépare de l'autre,
Et je les vois, Marquis, comme tu peux penser,
550 Chasser tous avec crainte, et Finaut balancer.
Il se rabat soudain, dont j'eus l'âme ravie;
Il empaume la voie*, et moi je sonne et crie,
"À Finaut! à Finaut*": j'en revois* à plaisir
Sur une taupinière, et résonne à loisir.
555 Quelques chiens revenaient à moi, quand pour disgrâce,
Le jeune cerf, Marquis, à mon campagnard passe.
Mon étourdi se met à sonner comme il faut,
Et crie à pleine voix "tayaut! tayaut! tayaut!"
Mes chiens me quittent tous, et vont à ma pécore*,
560 J'y pousse et j'en revois dans le chemin encore;
Mais à terre, mon cher, je n'eus pas jeté l'œil,
Que je connus le change*, et sentis un grand deuil.
J'ai beau lui faire voir toutes les différences,
Des pinces de mon cerf, et de ses connaissances*;
565 Il me soutient toujours, en chasseur ignorant,
Que c'est le cerf de meute*, et par ce différend
Il donne temps aux chiens d'aller loin: j'en enrage,
Et pestant de bon cœur contre le personnage,
Je pousse mon cheval, et par haut, et par bas,
570 Qui pliait des gaulis* aussi gros que les bras:
Je ramène les chiens à ma première voie,
Qui vont, en me donnant une excessive joie,
Requérir notre cerf, comme s'ils l'eussent vu:
Ils le relancent; mais, ce coup est-il prévu?
575 À te dire le vrai, cher Marquis, il m'assomme.
Notre cerf relancé va passer à notre homme,
Qui croyant faire un trait de chasseur fort vanté,
D'un pistolet d'arçon qu'il avait apporté,
Lui donne justement au milieu de la tête,
580 Et de fort loin me crie: "Ah! j'ai mis bas la bête."
A-t-on jamais parlé de pistolets, bon Dieu!
Pour courre un cerf? Pour moi venant dessus le lieu,
J'ai trouvé l'action tellement hors d'usage,
Que j'ai donné des deux à mon cheval, de rage,
585 Et m'en suis revenu chez moi toujours courant,
Sans vouloir dire un mot à ce sot ignorant.

ÉRASTE
Tu ne pouvais mieux faire, et ta prudence est rare:
C'est ainsi, des fâcheux, qu'il faut qu'on se sépare;
Adieu.

DORANTE
Quand tu voudras, nous irons quelque part,
590 Où nous ne craindrons point de chasseur campagnard.

ÉRASTE
Fort bien. Je crois qu'enfin je perdrai patience.
Cherchons à m'excuser avecque diligence.

BALLET DU SECOND ACTE

PREMIÈRE ENTRÉE

Des joueurs de boule l'arrêtent pour mesurer un coup, dont ils sont en dispute. Il se défait d'eux avec peine, et leur laisse danser un pas, composé de toutes les postures qui sont ordinaires à ce jeu.

DEUXIÈME ENTRÉE

De petits frondeurs les viennent interrompre

qui sont chassés ensuite

TROISIÈME ENTRÉE

par des savetiers, et des savetières, leurs pères, et autres qui sont aussi chassés à leur tour

QUATRIÈME ENTRÉE

par un jardinier qui danse seul, et se retire pour faire place au troisième acte.