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Actes de l'oeuvre
Les Precieuses ridicules :

¤Acte I
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
ºSCÈNE XI
ºSCÈNE XII
ºSCÈNE XIII
ºSCÈNE XIV
ºSCÈNE XV
ºSCÈNE XVI
ºSCÈNE XVII
 
 

 

Les Precieuses ridicules » Acte I » SCÈNE PREMIÈRE

LA GRANGE, DU CROISY.

DU CROISY.- Seigneur la Grange...

LA GRANGE.- Quoi?

DU CROISY.- Regardez-moi un peu sans rire.

LA GRANGE.- Eh bien?

DU CROISY.- Que dites-vous de notre visite? en êtes-vous fort satisfait?

LA GRANGE.- À votre avis, avons-nous sujet de l'être tous deux?

DU CROISY.- Pas tout à fait à dire vrai.

LA GRANGE.- Pour moi je vous avoue que j'en suis tout scandalisé. A-t-on jamais vu, dites-moi, deux pecques* provinciales faire plus les renchéries que celles-là, et deux hommes traités avec plus de mépris que nous? À peine ont-elles pu se résoudre à nous faire donner des sièges. Je n'ai jamais vu tant parler à l'oreille qu'elles ont fait entre elles, tant bâiller; tant se frotter les yeux, et demander tant de fois: "quelle heure est-il*?"; Ont-elles répondu que oui, et non, à tout ce que nous avons pu leur dire? Et ne m'avouerez-vous pas enfin que quand nous aurions été les dernières personnes du monde, on ne pouvait nous faire pis qu'elles ont fait?

DU CROISY.- Il me semble que vous prenez la chose fort à cœur.

LA GRANGE.- Sans doute je l'y prends, et de telle façon que, je veux me venger de cette impertinence. Je connais ce qui nous a fait mépriser. L'air précieux n'a pas seulement infecté Paris, il s'est aussi répandu dans les provinces, et nos donzelles ridicules en ont humé leur bonne part. En un mot, c'est un ambigu* de précieuse et de coquette que leur personne; je vois ce qu'il faut être, pour en être bien reçu, et si vous m'en croyez, nous leur jouerons tous deux une pièce*, qui leur fera voir leur sottise, et pourra leur apprendre à connaître un peu mieux leur monde.

DU CROISY.- Et comment encore?

LA GRANGE.- J'ai un certain valet nommé Mascarille, qui passe au sentiment de beaucoup de gens pour une manière de bel esprit; car il n'y a rien à meilleur marché que le bel esprit maintenant. C'est un extravagant, qui s'est mis dans la tête de vouloir faire l'homme de condition*. Il se pique ordinairement de galanterie, et de vers, et dédaigne les autres valets jusqu'à les appeler brutaux.

DU CROISY.- Eh bien qu'en prétendez-vous faire?

LA GRANGE.- Ce que j'en prétends faire! Il faut... mais sortons d'ici auparavant.