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Actes de l'oeuvre
Le Sicilien ou l'Amour peintre :

¤Acte
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
ºSCÈNE XI
ºSCÈNE XII
ºSCÈNE XIII
ºSCÈNE XIV
ºSCÈNE XV
ºSCÈNE XVI
ºSCÈNE XVII
ºSCÈNE XVII
ºSCÈNE XIX
ºSCÈNE DERNIÈRE
 
 

 

Le Sicilien ou l'Amour peintre » Acte » SCÈNE XII

HALI, vêtu en Espagnol, DOM PÈDRE, ADRASTE, ISIDORE.

DOM PÈDRE.- Que veut cet homme-là? Et qui laisse monter les gens, sans nous en venir avertir?

HALI.- J'entre, ici, librement; mais, entre cavaliers, telle liberté est permise. Seigneur, suis-je connu de vous?

DOM PÈDRE.- Non, Seigneur.

HALI.- Je suis Dom Gilles d'Avalos; et l'histoire d'Espagne vous doit avoir instruit de mon mérite.

DOM PÈDRE.- Souhaitez-vous quelque chose de moi?

HALI.- Oui, un conseil sur un fait d'honneur: je sais qu'en ces matières il est malaisé de trouver un cavalier plus consommé que vous; mais je vous demande pour grâce, que nous nous tirions à l'écart.

DOM PÈDRE.- Nous voilà assez loin.

ADRASTE, regardant Isidore.- Elle a les yeux bleus*.

HALI.- Seigneur, j'ai reçu un soufflet: vous savez ce qu'est un soufflet, lorsqu'il se donne, à main ouverte, sur le beau milieu de la joue. J'ai ce soufflet fort sur le cœur; et je suis dans l'incertitude, si pour me venger de l'affront, je dois me battre avec mon homme; ou bien le faire assassiner.

DOM PÈDRE.- Assassiner, c'est le plus sûr et le plus court chemin*. Quel est votre ennemi?

HALI.- Parlons bas, s'il vous plaît.

ADRASTE aux genoux d'Isidore, pendant que Dom Pèdre parle à Hali.- Oui, charmante Isidore, mes regards vous le disent depuis plus de deux mois, et vous les avez entendus: je vous aime plus que tout ce que l'on peut aimer, et je n'ai point d'autre pensée, d'autre but, d'autre passion, que d'être à vous toute ma vie.

ISIDORE.- Je ne sais si vous dites vrai, mais vous persuadez.

ADRASTE.- Mais vous persuadé-je, jusqu'à vous inspirer quelque peu de bonté pour moi?

ISIDORE.- Je ne crains que d'en trop avoir.

ADRASTE.- En aurez-vous assez pour consentir, belle Isidore, au dessein que je vous ai dit?

ISIDORE.- Je ne puis, encore, vous le dire.

ADRASTE.- Qu'attendez-vous pour cela?

ISIDORE.- À me résoudre.

ADRASTE.- Ah! quand on aime bien*, on se résout bientôt.

ISIDORE.- Hé bien, allez, oui, j'y consens.

ADRASTE.- Mais, consentez-vous, dites-moi, que ce soit dès ce moment même?

ISIDORE.- Lorsqu'on est, une fois, résolu sur la chose, s'arrête-t-on sur le temps?

DOM PÈDRE, à Hali.- Voilà mon sentiment, et je vous baise les mains.

HALI.- Seigneur, quand vous aurez reçu quelque soufflet, je suis homme aussi de conseil, et je pourrai vous rendre la pareille.

DOM PÈDRE.- Je vous laisse aller, sans vous reconduire: mais entre cavaliers, cette liberté est permise.

ADRASTE.- Non, il n'est rien qui puisse effacer de mon cœur les tendres témoignages... À Dom Pèdre, apercevant Adraste qui parle de près à Isidore. Je regardais ce petit trou qu'elle a au côté du menton: et je croyais, d'abord, que ce fût une tache. Mais c'est assez pour aujourd'hui, nous finirons une autre fois. Parlant à Dom Pèdre. Non, ne regardez rien encore; faites serrer cela, je vous prie. À Isidore. Et vous, je vous conjure de ne vous relâcher point: et de garder un esprit gai, pour le dessein que j'ai d'achever notre ouvrage.

ISIDORE.- Je conserverai, pour cela, toute la gaieté qu'il faut.