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Actes de l'oeuvre
Monsieur de Pourceaugnac :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIËRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
ºSCÈNE XI
¤Acte 2
¤Acte 3
 
 

 

Monsieur de Pourceaugnac » Acte 1 » SCÈNE II

SBRIGANI, JULIE, ÉRASTE, NÉRINE.

SBRIGANI.- Monsieur, votre homme arrive, je l'ai vu à trois lieues d'ici, où a couché le coche; et dans la cuisine où il est descendu pour déjeuner, je l'ai étudié une bonne grosse demie heure, et je le sais déjà par cœur. Pour sa figure, je ne veux point vous en parler, vous verrez de quel air la nature l'a dessiné*, et si l'ajustement qui l'accompagne y répond comme il faut; mais pour son esprit, je vous avertis par avance qu'il est des plus épais qui se fassent; que nous trouvons en lui une matière tout à fait disposée pour ce que nous voulons, et qu'il est homme enfin à donner dans tous les panneaux qu'on lui présentera.

ÉRASTE.- Nous dis-tu vrai?

SBRIGANI.- Oui, si je me connais en gens.

NÉRINE.- Madame, voilà un illustre, votre affaire ne pouvait être mise en de meilleures mains, et c'est le héros de notre siècle pour les exploits dont il s'agit: un homme qui vingt fois en sa vie pour servir ses amis, a généreusement affronté les galères; qui au péril de ses bras et de ses épaules*, sait mettre noblement à fin les aventures les plus difficiles; et qui, tel que vous le voyez, est exilé de son pays pour je ne sais combien d'actions honorables qu'il a généreusement entreprises.

SBRIGANI.- Je suis confus des louanges dont vous m'honorez, et je pourrais vous en donner avec plus de justice sur les merveilles de votre vie; et principalement sur la gloire que vous acquîtes, lorsqu'avec tant d'honnêteté vous pipâtes* au jeu, pour douze mille écus, ce jeune seigneur étranger que l'on mena chez vous; lorsque vous fîtes galamment ce faux contrat qui ruina toute une famille; lorsqu'avec tant de grandeur d'âme vous sûtes nier le dépôt qu'on vous avait confié; et que si généreusement on vous vit prêter votre témoignage à faire pendre ces deux personnes qui ne l'avaient pas mérité.

NÉRINE.- Ce sont petites bagatelles qui ne valent pas qu'on en parle, et vos éloges me font rougir.

SBRIGANI.- Je veux bien épargner votre modestie; laissons cela; et pour commencer notre affaire, allons vite joindre notre provincial, tandis que de votre côté vous nous tiendrez prêts au besoin les autres acteurs de la comédie.

ÉRASTE.- Au moins, Madame, souvenez-vous de votre rôle; et pour mieux couvrir notre jeu, feignez, comme on vous a dit, d'être la plus contente du monde des résolutions de votre père.

JULIE.- S'il ne tient qu'à cela, les choses iront à merveille.

ÉRASTE.- Mais, belle Julie, si toutes nos machines venaient à ne pas réussir?

JULIE.- Je déclarerai à mon père mes véritables sentiments.

ÉRASTE.- Et si, contre vos sentiments il s'obstinait à son dessein?

JULIE.- Je le menacerais de me jeter dans un convent*.

ÉRASTE.- Mais si malgré tout cela il voulait vous forcer à ce mariage?

JULIE.- Que voulez-vous que je vous dise?

ÉRASTE.- Ce que je veux que vous me disiez?

JULIE.- Oui.

ÉRASTE.- Ce qu'on dit quand on aime bien.

JULIE.- Mais quoi?

ÉRASTE.- Que rien ne pourra vous contraindre, et que malgré tous les efforts d'un père, vous me promettez d'être à moi.

JULIE.- Mon Dieu, Éraste, contentez-vous de ce que je fais maintenant, et n'allez point tenter* sur l'avenir les résolutions de mon cœur; ne fatiguez point mon devoir par les propositions d'une fâcheuse extrémité dont peut-être n'aurons-nous pas besoin*; et s'il y faut venir, souffrez au moins que j'y sois entraînée par la suite des choses.

ÉRASTE.- Eh bien...

SBRIGANI.- Ma foi, voici notre homme, songeons à nous.

NÉRINE.- Ah comme il est bâti!