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Actes de l'oeuvre
Le bourgeois gentilhomme :

¤Acte 1
¤Acte 2
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
¤Acte 3
¤Acte 4
¤Acte 5
 
 

 

Le bourgeois gentilhomme » Acte 2 » SCÈNE III

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE, MAÎTRE DE MUSIQUE, MAÎTRE À DANSER, MAÎTRE D'ARMES, MONSIEUR JOURDAIN, LAQUAIS.

MONSIEUR JOURDAIN.- Holà, Monsieur le philosophe, vous arrivez tout à propos avec votre philosophie. Venez un peu mettre la paix entre ces personnes-ci.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Qu'est-ce donc? Qu'y a-t-il, Messieurs?

MONSIEUR JOURDAIN.- Ils se sont mis en colère pour la préférence de leurs professions, jusqu'à se dire des injures, et en vouloir venir aux mains.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Hé quoi, Messieurs, faut-il s'emporter de la sorte? et n'avez-vous point lu le docte traité que Sénèque a composé, de la colère? Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux, que cette passion, qui fait d'un homme une bête féroce? et la raison ne doit-elle pas être maîtresse de tous nos mouvements?

MAÎTRE À DANSER.- Comment, Monsieur, il vient nous dire des injures à tous deux, en méprisant la danse que j'exerce, et la musique dont il fait profession?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Un homme sage est au-dessus de toutes les injures qu'on lui peut dire; et la grande réponse qu'on doit faire aux outrages, c'est la modération, et la patience.

MAÎTRE D'ARMES.- Ils ont tous deux l'audace, de vouloir comparer leurs professions à la mienne.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Faut-il que cela vous émeuve? Ce n'est pas de vaine gloire, et de condition*, que les hommes doivent disputer entre eux; et ce qui nous distingue parfaitement les uns des autres, c'est la sagesse, et la vertu.

MAÎTRE À DANSER.- Je lui soutiens que la danse est une science à laquelle on ne peut faire assez d'honneur.

MAÎTRE DE MUSIQUE.- Et moi, que la musique en est une que tous les siècles ont révérée.

MAÎTRE D'ARMES.- Et moi, je leur soutiens à tous deux, que la science de tirer des armes, est la plus belle et la plus nécessaire de toutes les sciences.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Et que sera donc la philosophie? Je vous trouve tous trois bien impertinents, de parler devant moi avec cette arrogance; et de donner impudemment le nom de science à des choses que l'on ne doit pas même honorer du nom d'art, et qui ne peuvent être comprises que sous le nom de métier misérable de gladiateur, de chanteur, et de baladin!

MAÎTRE D'ARMES.- Allez, philosophe de chien.

MAÎTRE DE MUSIQUE.- Allez, belître* de pédant.

MAÎTRE À DANSER.- Allez, cuistre fieffé.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Comment? marauds que vous êtes...



Le philosophe se jette sur eux, et tous trois le chargent de coups, et sortent en se battant.

MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Infâmes! coquins! insolents!

MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.

MAÎTRE D'ARMES.- La peste l'animal!

MONSIEUR JOURDAIN.- Messieurs.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Impudents!

MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.

MAÎTRE À DANSER.- Diantre soit de l'âne bâté!

MONSIEUR JOURDAIN.- Messieurs.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Scélérats!

MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.

MAÎTRE DE MUSIQUE.- Au diable l'impertinent.

MONSIEUR JOURDAIN.- Messieurs.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Fripons! gueux! traîtres! imposteurs!



Ils sortent.

MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le Philosophe, Messieurs, Monsieur le Philosophe, Messieurs, Monsieur le Philosophe. Oh battez-vous tant qu'il vous plaira, je n'y saurais que faire, et je n'irai pas gâter ma robe pour vous séparer. Je serais bien fou, de m'aller fourrer parmi eux, pour recevoir quelque coup qui me ferait mal.