Pastorale comique » Acte » Scène 15
La quinzième et dernière scène est d'une Égyptienne, suivie d'une douzaine de gens, qui, ne cherchant que la joie, dansent avec elle aux chansons qu'elle chante agréablement. En voici les paroles:PREMIER AIR.D'un pauvre cœurSoulagez le martyre,D'un pauvre cœurSoulagez la douleur.J'ai beau vous direMa vive ardeur,Je vous vois rireDe ma langueur.Ah! cruelle, j'expireSous tant de rigueur.D'un pauvre cœurSoulagez le martyre,D'un pauvre cœurSoulagez la douleur.SECOND AIRCroyez-moi, hâtons-nous, ma Sylvie,Usons bien des moments précieux;Contentons ici notre envie,De nos ans le feu nous y convie:Nous ne saurions, vous et moi, faire mieux.Quand l'hiver a glacé nos guérets,Le printemps vient reprendre sa place,Et ramène à nos champs leurs attraits;Mais, hélas! quand l'âge nous glace,Nos beaux jours ne reviennent jamais.Ne cherchons tous les jours qu'à nous plaire,Soyons-y l'un et l'autre empressés;Du plaisir faisons notre affaire,Des chagrins songeons à nous défaire:Il vient un temps où l'on en prend assez.Quand l'hiver a glacé nos guérets,Le printemps vient reprendre sa place,Et ramène à nos champs leurs attraits;Mais, hélas! quand l'âge nous glace,Nos beaux jours ne reviennent jamais.L'ÉGYPTIENNE QUI DANSE ET CHANTE est: Noblet l'aîné.LES DOUZE DANSANTS sont:Quatre jouant de la guitare, M. de Lully, MM. Beauchamp, Chicaneau et Vagnart.Quatre jouant des castagnettes, Les sieurs Favier, Bonard, Saint-André et Arnald;Quatre jouant des gnacares*, MM. La Marre, Des-Airs second, Du Feu et Pesan.QUATRIÈME ENTRÉEEn l'honneur d'Euterpe, muse pastorale, quatre bergers et quatre bergères dansent, au chant de plusieurs autres, sur des chansons en forme de dialogue.I. CHANSON SUR UN AIR DE GAVOTTEUn berger chante les deux premiers vers,et le chœur les répète. M. Fernon.Vous savez l'amour extrêmeQue j'ai pris dans vos beaux yeux.LE BERGER continue:Hâtez-vous d'aimer de même:Les moments sont précieux;Tôt ou tard il faut qu'on aime,Et le plus tôt c'est le mieux. Le chœur répète.UN AUTRE BERGER chante. M. Le Gros.En douceurs l'Amour abonde,Tout se rend à ses appas.Le chœur répète ces derniers vers.LE BERGER continue:On ressent ses feux dans l'ondeEt dans les plus froids climats;Il n'est rien qui n'aime au monde;Pourquoi n'aimoriez-vous pas?Le chœur répèteII. CHANSON SUR UN AIR DE MENUETUN BERGER chante les deux premiers vers,et le chœur les répète. M. Fernon.Vivons heureux, aimons-nous, bergère;Vivons heureux, aimons-nous.LE BERGER continue:Dans un endroit solitaireFuyons les yeux des jaloux.LE CHŒURVivons heureux, aimons-nous, bergère;Vivons heureux, aimons-nous.LE BERGERDansons dessus la fougère:Jouons aux jeux les plus doux.LE CHŒURVivons heureux, aimons-nous, bergère;Vivons heureux, aimons-nous.UN AUTRE BERGER chante les deux premiers vers,et le chœur les repète.Aimons, aimons-nous toujours, Silvie,Aimons, aimons-nous toujours.LE BERGER continue:Sans une si douce envieÀ quoi passer nos beaux jours?LE CHŒURAimons, aimons-nous toujours, Silvie,Aimons, aimons-nous toujours.LE BERGERLes vrais plaisirs de la vieSont dans les tendres amours.LE CHŒURAimons, aimons-nous toujours, Silvie,Aimons, aimons-nous toujours.QUATRE BERGERS ET QUATRE BERGÈRESBERGERS: LE ROI,le marquis de Villeroi, les sieurs Raynal et La Pierre.BERGÈRES: MADAME,Mme de Montespan, Mlle de La Vallière et Mlle de Toussi.HUIT BERGERS CHANTANTS: MM. Destival, Hédouin, Gingan, Blondel, Magnan, Gaye; Buffeguin et Auger, pages.HUIT BERGÈRES CHANTANTES: MM. Le Gros, Fernon L'aîné, Fernon le jeune, Rebel, Cottereau, Lange; et Saint-Jean et Luden, pages.CINQUIÈME ENTRÉEEn faveur de Clio, qui préside à l'Histoire, voulant représenter quelque grande action des siècles passés, on n'a pas cru pouvoir en choisir une plus illustre ni plus propre pour le ballet que la bataille donnée par Alexandre contre Porus, et la générosité que pratiqua ce grand monarque après sa victoire, rendant aux vaincus tout ce que le droit des armes leur avait ôté.Le combat s'exprime par des démarches et des coups mesurés au son des instruments, et la paix qui le suit est figurée par la danse que les vainqueurs et les vaincus font ensemble.ALEXANDRE ET PORUS, CINQ GRECSET CINQ INDIENSALEXANDRE: M. Beauchamp.CINQ GRECS: M. de Souville, MM. La Marre, du Pron, Des-Airs le cadet et Mayeu. Descousteaux, tambour. Philebert et Jean Hottere, flûtes.PORUS: M. Cocquet.CINQ INDIENS: MM. Paysan, Du Feu, Arnald, Jouan et Noblet le cadet; Vagnart, tambour; Piesche et Nicolas Hottere, flûtes.SIXIÈME ENTRÉEPour Calliope, mère des beaux vers, cinq Poètes de différents caractères dansent la sixième entrée.CINQ POÈTESPOÈTE: M. Dolivet.POÈTES SÉRIEUX: le sieur Mercier et Brouard.POÈTES RIDICULES: le sieur Pesan et le Roi.SEPTIÈME ENTRÉE ET RÉCITOn fait paraître Orphée (fils de cette Muse Calliope) qui, par les divers sons de sa lyre, exprimant tantôt une douleur languissante et tantôt un dépit violent, inspire les mêmes mouvements à ceux qui le suivent; et, entre autres, une Nymphe, que le hasard a fait rencontrer sur l'un des rochers qu'il attire après lui, est tellement transportée par l'effet de cette harmonie, qu'elle découvre, sans y penser, les secrets de son cœur par cette chanson:Amour trop indiscret, devoir trop rigoureux, Je ne sais lequel de vous deux Me cause le plus de martyre: Mais que c'est un mal dangereux D'aimer et ne le pouvoir dire!ORPHÉE: M. de Lulli.NYMPHE: Mlle Hilaire.HUIT TRACIENS: MM. Des-Airs l'aîné, Des-Airs Galant, Noblet l'aîné, Favier, Saint-André, Desonets, Bonard et Foignac.HUITIÈME ENTRÉEPour Érato, que l'on invoque particulièrement en amour, on a tiré six amants de nos romans les plus fameux, comme Théagène et Cariclée, Mandane et Cyrus, Polexandre et Alcidiane.TROIS AMANTS ET TROIS AMANTESAMANTS: Cyrus, LE ROIPolexandre, le marquis de Villeroi; Théagène, M. Beauchamp. AMANTES: Mandane, M. Raynal; Alcidiane, le marquis de Mirepoix; Cariclée, le sieur La Pierre.NEUVIÈME ENTRÉEPour Polymnie, de qui le pouvoir s'étend sur l'Éloquence et la Dialectique, trois philosophes grecs et deux orateurs romains sont représentés en ridicule par des comédiens français et italiens, auxquels on a laissé la liberté de composer leurs rôles.ORATEURS LATINS ET PHILOSOPHES GRECSORATEURS LATINSCicéron: Arlequin.Hortence: Scaramouche. Sénateur: Valerio.PHILOSOPHES GRECSDémocrite: Montfleury. Héraclite: Poisson. Le Cynique: Brécourt.DIXIÈME ENTRÉEPour Terpsichore, à qui l'invention des chants et des danses rustiques est attribuée, on fait danser quatre Faunes et quatre Femmes sauvages, qui, pliant en diverses façons des branches d'arbre, en font mille tours différents; et leur danse est agréablement interrompue par la voix d'un jeune Satyre:RÉCIT DU SATYRELe soin de goûter la vieEst ici notre emploi:Chacun y suit son envieC'est notre unique loi.L'Amour toujours nous inspireCe qu'il a de plus doux:Ce n'est jamais que pour rireQu'on aime parmi nous.SATYRE: M. Le Gros.QUATRE FAUNES: M. Dolivet, les sieurs Saint-André, Noblet l'aîné et Des-Airs galant.QUATRE FEMMES SAUVAGES: les sieurs Bonard, Desonets, Favier et Foignac.ONZIÈME ENTRÉELes neuf Muses et les neuf filles de Piérus dansent à l'envi, tantôt séparément et tantôt ensemble, chacune de ces deux troupes aspirant avec même ardeur à triompher de celle qui lui est opposée.PIÉRIDES: MADAME;Mme de Montespan, Mme de Cursol, Mlle de La Vallière, Mlle de Toussi, Mlle de La Mothe, Mlle de Fiennes, Mme de Ludre, Mlle de Brancas.MUSES: Mmes de Villequier, de Rochefort, de La Vallière, du Plessis, d'Eudicourt; Mlles d'Arquien, de Longueval, de Coëtlogon, de La Mare.DOUZIÈME ENTRÉETrois Nymphes, qu'elles avaient choisies pour juges de leur dispute, viennent pour la terminer par leur jugement.TROIS NYMPHES JUGES DU COMBAT: LE ROI;Le marquis de Villeroi, et M. Beauchamp.TREIZIÈME ET DERNIÈRE ENTRÉEMais les Piérides condamnées, ne voulant pas céder et recommençant la contestation avec plus d'aigreur qu'auparavant, forcent Jupiter à punir leur insolence en les changeant en oiseaux.JUPITER: M. Le Grand.[Après ce Livret, viennent des Vers sur la personne et le personnage de ceux gui dansent au Ballet.]
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