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Actes de l'oeuvre
Les amants magnifiques :

¤Prologue
¤Acte I
¤Acte II
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
¤Acte III
¤Acte IV
¤Acte V
 
 

 

Les amants magnifiques » Acte II » SCÈNE III

SOSTRATE, ÉRIPHILE.

SOSTRATE. - J'ai une excuse, Madame, pour oser interrompre votre solitude, et j'ai reçu de la princesse votre mère une commission qui autorise la hardiesse que je prends maintenant.

ÉRIPHILE. - Quelle commission, Sostrate?

SOSTRATE. - Celle, Madame, de tâcher d'apprendre de vous vers lequel des deux princes peut incliner votre cœur.

ÉRIPHILE. - La princesse ma mère montre un esprit judicieux dans le choix qu'elle a fait de vous pour un pareil emploi. Cette commission, Sostrate, vous a été agréable sans doute*, et vous l'avez acceptée avec beaucoup de joie.

SOSTRATE. - Je l'ai acceptée, Madame, par la nécessité que mon devoir m'impose d'obéir, et si la princesse avait voulu recevoir mes excuses, elle aurait honoré quelque autre de cet emploi.

ÉRIPHILE. - Quelle cause, Sostrate, vous obligeait à le refuser?

SOSTRATE. - La crainte, Madame, de m'en acquitter mal.

ÉRIPHILE. - Croyez-vous que je ne vous estime pas assez pour vous ouvrir mon cœur, et vous donner toutes les lumières que vous pourrez désirer de moi sur le sujet de ces deux princes?

SOSTRATE. - Je ne désire rien pour moi là-dessus, Madame, et je ne vous demande que ce que vous croirez devoir donner aux ordres qui m'amènent.

ÉRIPHILE. - Jusques ici je me suis défendue de m'expliquer, et la princesse ma mère a eu la bonté de souffrir que j'aie reculé toujours ce choix qui me doit engager; mais je serai bien aise de témoigner à tout le monde que je veux faire quelque chose pour l'amour de vous, et si vous m'en pressez je rendrai cet arrêt qu'on attend depuis si longtemps.

SOSTRATE. - C'est une chose, Madame, dont vous ne serez point importunée par moi, et je ne saurais me résoudre à presser une princesse qui sait trop ce qu'elle a à faire.

ÉRIPHILE. - Mais c'est ce que la princesse ma mère attend de vous.

SOSTRATE. - Ne lui ai-je pas dit aussi que je m'acquitterais mal de cette commission?

ÉRIPHILE. - Ô çà, Sostrate, les gens comme vous ont toujours les yeux pénétrants, et je pense qu'il ne doit y avoir guère de choses qui échappent aux vôtres. N'ont-ils pu découvrir, vos yeux, ce dont tout le monde est en peine, et ne vous ont-ils point donné quelques petites lumières du penchant de mon cœur? Vous voyez les soins qu'on me rend, l'empressement qu'on me témoigne; quel est celui de ces deux princes que vous croyez que je regarde d'un œil plus doux?

SOSTRATE. - Les doutes* que l'on forme sur ces sortes de choses, ne sont réglés d'ordinaire que par les intérêts qu'on prend*.

ÉRIPHILE. - Pour qui, Sostrate, pencheriez-vous des deux? Quel est celui, dites-moi, que vous souhaiteriez que j'épousasse?

SOSTRATE. - Ah! Madame, ce ne seront pas mes souhaits, mais votre inclination qui décidera de la chose.

ÉRIPHILE. - Mais si je me conseillais à vous* pour ce choix?

SOSTRATE. - Si vous vous conseilliez à moi, je serais fort embarrassé.

ÉRIPHILE. - Vous ne pourriez pas dire qui des deux vous semble plus digne de cette préférence?

SOSTRATE. - Si l'on s'en rapporte à mes yeux, il n'y aura personne qui soit digne de cet honneur. Tous les princes du monde seront trop peu de chose pour aspirer à vous; les Dieux seuls y pourront prétendre, et vous ne souffrirez des hommes que l'encens, et les sacrifices.

ÉRIPHILE. - Cela est obligeant, et vous êtes de mes amis. Mais je veux que vous me disiez pour qui des deux vous vous sentez plus d'inclination, quel est celui que vous mettez le plus au rang de vos amis.