Mélicerte » Acte 2 » SCÈNE VI
ACANTE, TYRÈNE, MYRTIL. ACANTE Ah! Myrtil, vous avez du Ciel reçu des charmes, 560 Qui nous ont préparé des matières de larmes,Et leur naissant éclat fatal à nos ardeurs,De ce que nous aimons nous enlève les cœurs. TYRÈNE Peut-on savoir, Myrtil, vers qui de ces deux bellesVous tournerez ce choix dont courent les nouvelles, 565 Et sur qui doit de nous tomber ce coup affreux,Dont se voit foudroyé tout l'espoir de nos vœux? ACANTE Ne faites point languir deux amants davantage,Et nous dites quel sort votre cœur nous partage*. TYRÈNE Il vaut mieux quand on craint ces malheurs éclatants, 570 En mourir tout d'un coup que traîner si longtemps. MYRTIL Rendez, nobles bergers, le calme à votre flamme:La belle Mélicerte a captivé mon âme;Auprès de cet objet mon sort est assez doux,Pour ne pas consentir à rien prendre sur vous. 575 Et si vos vœux enfin n'ont que les miens à craindre,Vous n'aurez, l'un ni l'autre, aucun lieu de vous plaindre. ACANTE Ah! Myrtil, se peut-il que deux tristes amants...? TYRÈNE Est-il vrai que le Ciel sensible à nos tourments...? MYRTIL Oui, content de mes fers comme d'une victoire, 580 Je me suis excusé de ce choix plein de gloire*;J'ai de mon père encor changé les volontés,Et l'ai fait consentir à mes félicités. ACANTE* Ah! que cette aventure est un charmant miracle,Et qu'à notre poursuite elle ôte un grand obstacle! TYRÈNE* 585 Elle peut renvoyer ces Nymphes à nos vœux*,Et nous donner moyen d'être contents tous deux.
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