Les Precieuses ridicules » Acte I » SCÈNE VI
MAROTTE, CATHOS, MAGDELON.MAROTTE.- Voilà un laquais, qui demande, si vous êtes au logis, et dit que son maître vous veut venir voir.MAGDELON.- Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgairement. Dites: "Voilà un nécessaire* qui demande; si vous êtes en commodité d'être visibles*."MAROTTE.- Dame, je n'entends point le latin, et je n'ai pas appris, comme vous, la filofie dans le Grand Cyre.MAGDELON.- L'impertinente! Le moyen de souffrir cela! Et qui est-il le maître de ce laquais?MAROTTE.- Il me l'a nommé le marquis de Mascarille.MAGDELON.- Ah ma chère! un marquis. Oui, allez dire qu'on nous peut voir. C'est sans doute un bel esprit, qui aura ouï parler de nous.CATHOS.- Assurément, ma chère.MAGDELON.- Il faut le recevoir dans cette salle basse, plutôt qu'en notre chambre: ajustons un peu nos cheveux au moins, et soutenons notre réputation. Vite, venez nous tendre ici dedans le conseiller des Grâces*.MAROTTE.- Par ma foi, je ne sais point quelle bête c'est là, il faut parler chrétien, si vous voulez, que je vous entende.CATHOS.- Apportez-nous le miroir, ignorante que vous êtes. Et gardez-vous bien d'en salir la glace, par la communication de votre image.
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