Psyché » Acte 2 » SCÈNE III
PSYCHÉ, seule. 785 Enfin, seule, et toute à moi-même,Je puis envisager cet affreux changement,Qui du haut d'une gloire extrêmeMe précipite au monument.Cette gloire était sans seconde, 790 L'éclat s'en répandait jusqu'aux deux bouts du monde,Tout ce qu'il a de rois semblaient faits pour m'aimer:Tous leurs sujets me prenant pour déesseCommençaient à m'accoutumerAux encens qu'ils m'offraient sans cesse; 795 Leurs soupirs me suivaient sans qu'il m'en coutât rien,Mon âme restait libre en captivant tant d'âmes,Et j'étais parmi tant de flammesReine de tous les cœurs, et maîtresse du mien.Ô Ciel! m'auriez-vous fait un crime 800 De cette insensibilité?Déployez-vous sur moi tant de sévérité,Pour n'avoir à leurs vœux rendu que de l'estime?Si vous m'imposiez cette loi,Qu'il fallût faire un choix pour ne pas vous déplaire, 805 Puisque je ne pouvais le faire,Que ne le faisiez-vous pour moi?Que ne m'inspiriez-vous ce qu'inspire à tant d'autresLe mérite, l'amour, et... Mais que vois-je ici?
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