Les Femmes savantes » Acte 3 » SCÈNE VI
CHRYSALE, ARISTE, CLITANDRE, HENRIETTE, ARMANDE. CHRYSALE Allons, ma fille, il faut approuver mon dessein, 1100 Ôtez ce gant. Touchez à Monsieur dans la main,Et le considérez désormais dans votre âmeEn homme dont je veux que vous soyez la femme. ARMANDE De ce côté, ma sœur, vos penchants sont fort grands. HENRIETTE Il nous faut obéir, ma sœur, à nos parents; 1105 Un père a sur nos vœux une entière puissance. ARMANDE Une mère a sa part à notre obéissance. CHRYSALE Qu'est-ce à dire? ARMANDE Je dis que j'appréhende fort Qu'ici ma mère et vous ne soyez pas d'accord,Et c'est un autre époux... CHRYSALE Taisez-vous, péronnelle*! 1110 Allez philosopher tout le soûl avec elle,Et de mes actions ne vous mêlez en rien.Dites-lui ma pensée, et l'avertissez bienQu'elle ne vienne pas m'échauffer les oreilles;Allons vite. ARISTE Fort bien; vous faites des merveilles. CLITANDRE 1115 Quel transport! quelle joie! ah! que mon sort est doux! CHRYSALE Allons, prenez sa main, et passez devant nous,Menez-la dans sa chambre. Ah les douces caresses!Tenez, mon cœur s'émeut à toutes ces tendresses,Cela ragaillardit tout à fait mes vieux jours, 1120 Et je me ressouviens de mes jeunes amours.
|